Suite au récent décès du Président-Fondateur de l’Association des Maîtres Cuisiniers de Belgique, Pierre Romeyer, une cérémonie d’hommage est organisée à l’Hôtel de Ville de Bruxelles ce lundi 3 septembre (15 h). Le célèbre cuisinier belge sera ainsi salué par les Mastercooks mais aussi par Euro-Toques ainsi que, bien entendu par toute sa famille qui organisent tous ensemble cet hommage bien légitime.
Rappel de l’écho que nous avions publié et de la rencontre avec Frank Fol (actuel Président des Maîtres Cuisiniers) lors du décès du Baron Pierre Romeyer :
En mai 2014, le Baron Pierre Romeyer, premier Président et co-fondateur de l’Association des Maîtres Cuisiniers de Belgique avait reçu le Président actuel, Frank Fol. Témoin et initiatrice de cette rencontre pour le magazine des Maîtres Cuisiniers (MCM2 – Juin 2014) j’en reprends ici un extrait. Une autre façon d’évoquer les prémices de notre gastronomie nationale moderne mais aussi de se souvenir de cet après-midi qui aura, sans doute, été la dernière interview du « Baron » de notre cuisine belge.
« Par un bel après-midi de mai … dans sa jolie villa du Brabant flamand, son accueillante épouse à ses côtés, l’ancien Président des Maîtres Cuisiniers Pierre Romeyer a reçu le Président actuel, Frank Fol. Une rencontre croisée exclusive pour le magazine des Maîtres Cuisiniers de Belgique.
Aujourd’hui, chef de cuisine le plus honoré du pays en étant devenu Baron, en ayant eu trois étoiles et en ayant reçu dans votre célèbre Maison de Bouche les plus grands de ce monde, vous souvenez-vous de vos débuts dans le métier ?
Bien sûr ! A 14 ans, ma mère m’a envoyé travailler à l’Auberge Alsacienne à Tervueren. Mon premier travail y a été de … trier le charbon ! Je n’y étais pas payé mais juste nourri ! Ceci dit, exceptionnellement les jours de fête, à la maison, on mangeait des tomates aux crevettes. Ainsi lorsque mon patron m’a dit que je pouvais manger ce que je voulais, j’ai demandé des tomates crevettes et … j’en ai mangé tous les jours pendant un an !
Qu’avez-vous fait après « le charbon » ?
Je tenais le chinois quand mon patron passait la sauce. Il la déglaçait avec du cognac mais je n’aimais pas du tout ces odeurs d’alcool ! Plus tard je suis allé travailler dans la marine pour mon service militaire puis au Savoie, puis dans d’autres grandes maisons. C’était une autre ambiance à l’époque et là il fallait filler doux sans quoi les coups de pieds au c… volaient ! Mais j’ai toujours eu mon caractère … ! C’est bien différent dans les cuisines d’aujourd’hui !
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué à l’époque ?
A 26 ans, j’ai gagné le Prosper Montagné mais contrairement à l’habitude on n’a pas mis mon plat à la carte … mais je m’en fichais ! Après, je me suis installé à mon compte, j’ai ouvert mon premier restaurant, le Valvert.
Quelles ont été les difficultés d’ouverture ?
L’argent ! Mais j’ai pu avoir un prêt sur mon travail. Pendant trois ans j’ai dû travailler seul pour rembourser le plus vite possible. Il y a avait vingt couverts et c’était déjà une cuisine gastronomique. Je n’ai jamais fait du vilain travail, jamais !
Quels conseils donneriez-vous aux cuisiniers ?
J’ai un jour eu un ouvrier, un Compagnon du Devoir, qui a commencé sa journée à 8 h et qui à 16 h m’annonce l’avoir terminée. Il m’a demandé s’il devait revenir le lendemain et j’ai dit : NON ! C’est un métier dans lequel il ne faut pas compter ses heures. Il faut travailler dur pour arriver sans avoir peur de commencer au début de l’échelle.
Avec votre titre de noblesse de Baron, n’est-ce pas toute la profession qui est honorée ?
C’est même un honneur pour toute la cuisine en Belgique ; c’est une vraie reconnaissance pour nous tous dans le métier.
En regardant l’ensemble de votre carrière, de quoi êtes-vous le plus fier ?
De l’ouverture de mon premier restaurant. Après, j’ai aussi été fier de pouvoir cuisiner pour de nombreuses personnalités belges ou étrangères. Mais ma plus belle récompense a été de cuisiner pour Walt Disney ! Et cela, je peux vous dire que ça marque ! »