Qu’elle est belle cette solidarité pour les travailleurs du secteur médical carolorégien ! Une solidarité à nulle autre pareille qu’un petit groupe de restaurateurs carolos a voulue des plus larges et des plus empathiques possible. Ceci via un circuit ultra-court permettant à ces 5 chefs de fournir leurs plats préparés au personnel des hôpitaux de Charleroi les plus proches.
Ce petit groupe c’est celui qu’à créé Costantino Longo, un chef bien connu dans la région qui d’ordinaire est chef gastronomique à domicile et pour le secteur événementiel avec sa collaboratrice Géraldine Brangers. Venus les rejoindre dès la première heure – à savoir dès le 23 mars dernier – Fabrizio Chirico (La Table de la Manufacture), Alain Stennier (Le Substrat), Tienchin (Esprit Bouddha), Tolis Lalos (Fetavie).
Une fameuse idée qui a fait bon nombre d’émules et qui, chaque jour, apporte un énorme soutien au personnel hospitalier de la région.
Pour en savoir plus, nous avons appelé Fabrizzio Chirico que nous connaissons bien depuis des années (dès les débuts du « Délice du jour ») et qui, en toute humilité bien que très actif sur le projet, nous a conseillé d’appeler Costantino Longo. Voilà comment ce dernier, disponible malgré le surcroît de travail, a pris le temps de nous raconter comment est née cette fameuse idée.
JR : Comment vous est venue cette belle idée si solidaire, Costantino ?
CL : Dès l’annonce de la fermeture des restaurants, j’ai pensé qu’il fallait faire quelque chose. Tant pour moi, pour m’occuper pendant cette période de lockdown que pour les autres et tenter d’apporter mon aide avec mon métier à ceux qui se trouvaient au premier plan de cette crise sanitaire. Comme vous le savez, il s’agissait d’apporter un soutien au personnel médical des nombreux hôpitaux de la région. Le samedi 21 mars, avec ma collaboratrice Géraldine nous avons pas mal réfléchi à la question. Notre première idée a été la bonne : il nous fallait chercher la meilleure formule pour pouvoir livrer des repas aux soignants des hôpitaux. Seulement voilà, il nous était impossible de faire cela sur fonds propres.
JR : vous avez donc d’emblée dû faire appel à d’autres « intervenants » ?
CL : oui mais cela s’est fait très vite. J’ai d’abord appelé mes propres fournisseurs, ceux qui m’approvisionnent en produits locaux de qualité habituellement. Leur réponse à été spontanée et ils m’ont tout de suite, tous, dit oui. Je peux volontiers vous les citer car, eux aussi, fournissent leurs produits aux particuliers et ils méritent vraiment que l’on y soit tous attentifs. Il s’agit donc de La Ferme bio de Mautischi (produits laitiers, salaisons) où la propriétaire, Virginie, m’a montré ses stocks et m’a dit : « voilà, tu prends ce que tu veux ! » ; puis Jacques Remy de Chasal (Charleroi Salaison) m’a proposé en premier les produits périssables qu’il avait en stock et il m’a fourni une palette entière ! Le Jardin bio de Galinette (Philippeville) et d’autres se sont ensuite ajouté pour former une grande chaine de fournisseurs de proximité solidaires puis les plus gros distributeurs tels Intermarché ou encore Métro, se sont aussi associés au projet. C’était fabuleux de voir à quelle vitesse tout cela s’est mis en place.
JR : mais j’imagine que l’on ne livre pas aussi facilement des repas aux hôpitaux ; il doit y avoir des consignes très strictes. Comment avez-vous procédé ?
CL : en effet, nous nous sommes bien renseignés avant de commencer. Mais là aussi, je dois dire que tout s’est très vite mis en place et que l’enthousiasme a été un élément impressionnant. J’ai demandé quelles étaient les consignes de sécurité sanitaire et alimentaire à respecter, les quantités et le mode de livraison. Ils nous ont répondu dans l’heure et surtout accueillis à bras ouverts. Nous avons commencé à livrer aux plus importants comme St Joseph, Notre Dame, Ste Thérèse, …
JR : et en pratique, qu’en est-il de l’organisation de tout cela ?
CL : Au début, soit dès le lundi 23 mars, j’ai moi-même préparé une grande soupe que nous avons livrée à l’Hôpital Notre Dame. Puis, avec les autres chefs, nous avons continué à nous dispatcher les hôpitaux de façon quotidienne en faisant une tournante entre nous 5. Pour ce qui est de la répartition des produits que nous offrent nos fournisseurs, les miens mais aussi ceux des autres chefs, ils sont livrés chez moi où je les stocke ou je vais les chercher chez les producteurs et vais les déposer chez les chefs, cela dépend. Quand je vais les déposer, je m’arrête devant chez eux, j’ouvre ma camionnette et ils font leurs choix parmi les produits qui y sont déposés. C’est une autre façon de faire son marché du jour et surtout d’avoir des produits frais en circuits vraiment très courts ! Il faut s’adapter mais tout le monde joue le jeu et apprécie cette façon de faire.
JR : et pour ce qui est de la communication, de la façon de faire connaître votre démarche ?
CL : nous avons utilisé nos réseaux sociaux, notre page Facebook et c’est cela qui a permis que les dons de fournisseurs arrivent et que d’autres chefs fassent pareil de leur côté. Notre groupe de 5 est resté tel quel mais nous faisons écho sur nos pages FB de leurs actions solidaires elle aussi.
JR : cela a été relayé bien au-delà de vos réseaux sociaux
CL : oui, au début dès la création et l’annonce le lundi soir, entre 18 et 20 h, j’ai eu l’impression d’assister à un tsunami ; la page a littéralement explosé et tout le monde a relayé l’initiative. Les fournisseurs sont arrivés tout de suite : des pommes de terre ici, de la viande là, des produits laitiers : c’était incroyable ! Mais il a fallu gérer tout cela et surtout : s’organiser !! Très vite la tournante a été mise en place avec une équipe fonctionnant le matin et une équipe le soir. Nous avons créé une asbl à travers laquelle les 5 chefs de base livrent 4 sites hospitaliers, les plus importants à Charleroi.
D’autres amis chefs font pareil de leur côté avec les hôpitaux les plus proches de chez eux. C’est le cas pour des chefs de Jamioul (Villa Castelli), de Lodelinsart (Portus Cale), Ham-sur-Heure (Arôme), Abruzzese (La Capriciosa), Nalinnes (traiteur Massimo), … ! C’est ainsi une grande chaîne qui s’est mise en place et les médias qui en ont eu écho se sont à leur tour mis à relayer l’info. Cela a été annoncé via des reportages aux différents JT, dans la presse écrite, … mais il faut continuer à en parler – ce que vous faites aussi, merci à vous – car nous ne sommes pas près de nous arrêter !! Même si nous sommes fatigués et parfois déçus de certaines réactions négatives, cette solidarité fonctionne si bien que nous avons l’énergie pour continuer.
JR : c’est vraiment super un tel dynamise ; je ne peux qu’à mon tour vous féliciter et vous dire mille fois bravo ! Un petit mot pour la fin de cette sympathique interview ?
CL : oui, oui à mon tour je veux remercier touts ceux qui collaborent à ce projet mais aussi tous ceux qui nous sont si reconnaissants, tous ces travailleurs du médical qui ont tellement d’énergie et eux-mêmes de solidarité avec les malades ! C’est magnifique et nous garderons toujours à l’esprit ces moments si difficiles mais aussi si … solidaires ! C’est une façon pour nous tous de ne pas perdre le cap et cela nous permet de rester vivant !