A Bruxelles, le monde de la mode ne connaît que lui. A Paris, New-York ou Milan, les stars portant chapeau ne jurent que par lui. Lui, c’est Elvis Pompilio, le modiste belge le plus connu au-delà de nos frontières mais aussi le plus humble qui soit.
Elvis Pompilio, un vrai modeste autant truffé de talent que d’humilité. La preuve ? Cette rencontre à domicile où, exclusivement pour Max, il nous ouvre toutes grandes les portes de son privé. Un appartement duplex au 12e étage qu’il partage avec Jean-Paul Masse de Rouch. Autre artiste, collagiste et écrivain, qui n’est autre que son associé professionnel et son compagnon de vie.
Axelle Red, Madona, Harison Ford, Amélie Nothomb, Boy George, Ann Demeulemeester sont ses clients ou ses amis, ou même parfois les deux ! Elvis est aussi une connaissance amicale de longue date. Et même si la familiarité est de mise entre nous, le personnage, sa personnalité et sa créativité impressionnent toujours.
Cadre insolite au bon goût extravagant
Du salon flamboyant flanqué de singuliers meubles et objets, à la salle de bain boisée façon chalet de montagne en passant par une salle à manger végétale et des chambres à coucher teintées de sérénité, tout est ici reflet de grande personnalité. Une personnalité double presque en miroir des imaginaires conjugués des propriétaires des lieux.
L’immeuble date de 1958 et nous avons pu acheter cet appartement aux premiers propriétaires, racontent Elvis et Jean-Paul. Il n’avait donc pas été transformé et possédait encore les particularités de l’époque. Les moulures au plafond, le marbre au sol, les châssis de fenêtre en aluminium doré ou encore l’escalier avec ce gigantesque miroir. J’adore les grands escaliers, précise Elvis. Cela donne un cachet fou à une habitation. L’appartement a d’abord été mon atelier puis est devenu notre privé en 2010. J’y avais peint les murs du salon en rouge soutenu et nous avons gardé cette couleur. Elle apporte la bonne humeur, donne bonne mine et est aussi classique qu’extravagante. Sur cet autre mur, le papier peint représente un caléidoscope de scènes érotiques mais c’est tellement abstrait que personne ne les voit !
Dans le hall d’entrée, un noir profond souligne une œuvre encadrée de néon qu’a créée Jean-Paul et met en valeur un singulier transat de bois signé Hermès.
J’aime beaucoup la déco, les objets et meubles des années 40 à 60, poursuit Elvis. J’aime aussi aller chiner au vieux marché ou chez les antiquaires ou encore faire des achats à l’étranger. Comme les chaises de la salle à manger que nous avons découvertes à New-York. Elles avaient été créées par une artiste italienne et la galerie de New-York qui les exposait en avait l’exclusivité. Il a donc fallu les faire venir non pas d’Italie mais des États-Unis, un comble ! Avec Jean-Paul, telle cette coiffe de mariée qu’il m’a ramenée de Chine, nous nous faisons des cadeaux « surprises » mutuellement. Et nous ne nous trompons jamais, ajoute Jean-Paul !
Vient ensuite d’attrayantes explications des multiples œuvres de designers et autres objets anciens, quasi toujours des années 40/60, qui jalonnent leur appartement. Un meuble-bar des années 50, les bien connues Pillola lamps by Cesare Casati and Emmanuelé Ponzi, juste au-dessus un tableau flamboyant de Hans Hoffman dont le seul autre exemplaire est exposé au Modern Art Museum d’Amsterdam, une table de salon modulable, un paravent en skaï années 40, des objets décoratifs à même le sol, un porte-manteau avec des chapeaux d’Elvis ou encore plusieurs œuvres de Jean-Paul ici et là.
Et à celui-ci le dernier mot : Chacun de nous adore cuisiner et recevoir et notre salle à manger avec ses jolies tables que nous y dressons est toujours fort appréciée. Et si dresser une belle table est un plaisir, y convier des personnes qui ont beaucoup à se dire et à partager, est aussi synonyme de l’art de vivre.
Une rencontre-interview réalisée chez Elvis Pompilio et parue dans le magazine MAX n°61 – 23.10.22 (supplément hebdomadaire des journaux du Groupe SudInfo : La Capitale – La Meuse – La Gazette – Nord Eclair – La Province)
Texte-interview : Joëlle Rochette
Photos : Photos©MorganeBallPhotography
A suivre : écho du livre « Vie Privée » – Biographie d’Elvis Pompilio par Jean-Paul Masse de Rouch.