Focus sur cet événement à Bruxelles et interviews exclusives de Jean-Marc Quarin
Journée très attendue des amateurs et curieux de vins de Bordeaux peu (re)connus mais au goût particulièrement qualitatif, voici venue la 3e édition des « Rencontres Jean-Marc Quarin » à Bruxelles.
Ainsi, tout au long de la journée du vendredi 1er décembre, le public bruxellois pourra une fois encore faire de fameuses découvertes en matière de vins de Bordeaux. Oui, mais pas n’importe quels vins ! Des vins que l’on ne trouve pas ailleurs, qui se singularisent par leur qualité de goût, qui ne profitent pas du tapage médiatique habituel et qui n’ont pas encore été découverts par le grand marché international du vin.
Ce salon d’un autre genre est aussi l’occasion de regrouper autant de domaines découverts ou assidument fréquentés par le véritable éclaireur qu’est le critique œnologique Jean-Marc Quarin. Lequel, depuis de nombreuses années, a à cœur de dénicher, de goûter et de rencontrer ceux qui font un vin particulièrement qualitatif et qui souvent, quelques années plus tard, deviennent de grands crus, souvent médaillés et plébiscités par le marché international. Participer et visiter le salon de Bruxelles, c’est aussi faire partie des premiers à déguster ces grands crus de demain.
Jean-Marc Quarin dénicheur de vins qui réenchantent le goût
A quelques semaines de la 3e édition des rencontres, nous avons interviewé Jean-Marc Quarin quant aux tendances de cette année pour son salon à Bruxelles.
Joëlle Rochette : Avec Lausanne et Paris, vous organisez vos rencontres à Bruxelles, cette année, pour la 3e fois. Quel est votre but en mettant sur pied de telles rencontres dans ces grandes villes ?
Jean-Marc Quarin : Le salon de Lausanne était en juin dernier et a connu, comme à son habitude, un beau succès. Paris s’est tenu, pour la 10e fois, quelques jours avant Bruxelles, du 16 au 18 novembre. Il y a trois ans, avec Fabrice Léger, l’organisateur de ces rencontres, il nous a semblé intéressant de proposer une date à Bruxelles, même si ce n’est que sur un seul jour. Nous en sommes à la 3e édition et je peux dire que nous commençons à atteindre une belle vitesse de croisière à Bruxelles. Le public belge, fait d’amateurs et de curieux des vins présentés, est très intéressé par ces découvertes. Un public chinois est aussi largement présent à Bruxelles. Le triangle Lausanne, Paris, Bruxelles était donc logique et bien équilibré pour les exposants qui ne sont cependant pas tous présents aux trois salons. Il y a des différences et c’est aussi cela qui fait l’intérêt des trois villes.
JR : Quelle est votre intention en présentant des Domaines que l’on ne voit pas ailleurs ?
JMQ : C’est un Salon qui propose de prendre de l’avance sur le marché en mettant en contact les amateurs avec les crus de Bordeaux qui actuellement progressent le plus. C’est intéressant parce que dès qu’un cru fait des efforts, la qualité monte, mais le prix ne suit pas de suite. Le marché tarde toujours à reconnaître ces efforts, justement pour limiter la hausse du prix que les producteurs sont en droit de demander en récompense de leurs efforts. Au bout de quelques années, l’équilibre se fait. Entre-temps je propose aux amateurs d’être informé de ce processus, de déguster les crus concernés et par conséquent de les payer moins cher. Nous venons de fêter la dixième édition à Paris. Force est de constater que dix ans auparavant, en 2013, personne ne parlait de Carmes Haut Brion, de Canon, de Croix de Labrie, de château Arnauld, de Clos Manou. Aujourd’hui ces vins ont gagné en notoriété. Pour certains le prix a été multiplié par 4 ; d’autres sont rentrés dans le classement de St-Emilion ou devenus Crus Bourgeois exceptionnels dans le Médoc : les bonnes affaires c’est d’avoir les bonnes informations avant tout le monde !
JR : Comment choisissez-vous les domaines exposants aux Rencontres ?
JMQ : J’habite Bordeaux. Tout est à portée de main. C’est très utile pour goûter, regoûter, comparer, voir ce qui se passe dans les vignes, suivre les vendanges, goûter les raisins, suivre les vinifications, … Par exemple, j’ai déjà une idée très précise de ce que sont les 2023. Donc, la sélection est déclenchée dès que le niveau des notes monte plusieurs fois de suite.
JR : Qu’en est-il de l’opinion générale sur ces vins de Bordeaux tels que ces outsiders et sur les autres vins, des tendances du marché aujourd’hui ?
JMQ : Le marché des vins est plutôt calme à cause de l’inflation. Les professionnels du secteur regardent de plus en plus les outsiders, des vins dont le goût est supérieur à ce que l’étiquette laisse paraître. Il est aussi important de repérer les crus déjà connus, mais qui ne dorment pas sur leurs lauriers. Ceux qui, par conséquent, réenchantent le goût du vin. Se passionner, découvrir, apprendre et investir vers ceux-là plutôt que vers d’autres.
JR : Vous connaissez bien, et même très bien, la trentaine de domaines présents au salon de Bruxelles. Aussi, si je vous demande d’en choisir deux, lesquels me conseilleriez-vous d’interviewer ? Et pour quelles raisons ?
JMQ : Bien volontiers même s’il m’est difficile de ne vous en donner que deux ! Tous les exposants ont pour moi une singularité, une qualité qui explique la raison de leur présence dans l’évènement. Prenons deux exemples, un sur la rive gauche (Médoc), l’autre sur la rive droite (Saint-Emilion). Je pense donc au Château Branaire-Ducru, 4e Grand Cru à Saint-Julien. Un nouveau cuvier y a été installé. C’est récent puisque le 2022 a été vinifié pour moitié dans ces nouvelles installations. Voilà une information qui indique que le cru fera encore mieux qu’avant. Personne ne le sait encore : le nouveau cuvier n’a pas été officiellement inauguré. Or, en 2022 le résultat est d’une grande noblesse !
En second nom, Le Château de Pressac, Grand Cru classé en Saint-Emilion. C’est un vin qui progresse depuis 2018 un peu plus chaque année. C’est un grand terroir de Saint-Emilion qui est longtemps resté endormi. C’est aussi une propriété historique de plusieurs siècles où il se dit que la fin de la guerre de Cent Ans avec les Anglais y aurait été signée. Il est rentré dans le classement de Saint Emilion en 2012. Depuis, il continue ces efforts. Lors des précédentes Rencontres à Lausanne, les visiteurs ont été estomaqués par sa récente qualité. Ils connaissaient le nom, l’avaient goûté il y a longtemps et l’ont trouvé méconnaissable. Et c’est normal. Tout le monde n’a pas la possibilité de tout regoûter chaque année. C’est mon travail de critique (www.quarin.com). Ce Salon s’appuie sur cette connaissance précisément calibrée des crus. Et j’aime la partager.
En photo : Fabrice Léger, organisateur & Jean-Marc Quarin
A LIRE par ailleurs
Avis à tous les intéressés : retrouvez l’interview des deux domaines conseillés par Jean-Marc Quarin dans mes prochains articles : le Château Branaire-Ducru, 4e grand cru à Saint-Julien et le Château de Pressac, Grand Cru classé à Saint-Emilion.
Infos pratiques – Les Rencontres Jean-Marc Quarin à Bruxelles – 1er décembre 2023
La Grande Dégustation : 14h – 21h – Tarif : 30 €
Atelier Dégustation Pichon Baron : 11 à 13 h – Tarif : 190 €
Adresse : Hôtel Steigenberger Icon Wiltcher’s – Avenue Louise, 71 – 1050 Bruxelles
Pour en savoir plus :
www.lesrencontresquarin.com – Les rencontres Jean-Marc Quarin à Bruxelles (lesrencontresquarin.com)
www.quarin.com – Jean-Marc QUARIN, guide indépendant de l’amateur de vins – site officiel