Dans le cadre de la 20e édition de la journée événementielle « 101 tables pour la vie » organisée par l’Association Jules Bordet en collaboration avec le magazine Paris Match (10.10.24), le chef-mentor Yves Mattagne s’était volontiers prêté à notre « questions-réponses ».
En voici l’interview dans son intégralité
« Quand on aime on ne compte pas … le don que l’on fait de soi ». Telle pourrait être la devise du chef doublement étoilé, Yves Mattagne, chef-mentor, cette année encore, de la 20e édition des « 101 tables pour la vie ».
Un chef des plus emblématiques chez nous comme à l’étranger qui, sans compter, met sa notoriété et son dynamisme au service des malades hospitalisés ainsi que d’un dîner caritatif d’exception aux bénéfices dédiés à l’Institut Jules Bordet. En permanence overbooké par mille et une obligations professionnelles, Yves Mattagne s’investit à nouveau, ce 10 octobre, dans cette dynamique fonction de meneur d’équipe de célèbres cuisiniers tout aussi empathiques. Un autre volet de son métier et de son caractère, où la joie d’apporter soutien et bonne humeur, ne lui fait jamais compter son temps, sa générosité, son envie irrésistible de faire plaisir, ni même son investissement physique pour … la bonne cause !
Une journée marathon l’attend ce 10 octobre où de l’aube à la tombée du jour il investira encore toute l’énergie incroyable qu’il met, pour l’occasion, au service des malades de l’Institut Jules Bordet puis dès le soir venu, avec ses chefs coéquipiers, à celui des participants au grand dîner et à la soirée solidaires.
Et, comme à sa bonne habitude, truffé d’humilité, il n’omet pas de mentionner la participation, à ses côtés, de ses brillants « seconds » du jour que sont Ghislaine Arabian, Giovanni Bruno, Pascal Devalkeneer. Lesquels seront rejoints, cette année, pour la première fois, par le chef français lui aussi étoilé, Xavier Mathieu du Relais & Château « Le Phébus » à Joucas, dans le Lubéron.
Plus que jamais généreux de ce temps si précieux, le chef Mattagne a, exceptionnellement pour nous, levé un coin du voile de son engagement personnel pour cette cause qui lui tient tellement à cœur. Et ce depuis les tout débuts de l’événement créé il y a vingt ans.
Redonner sourire et moral à ceux qui en sont si souvent privés, est-ce possible avec juste de l’empathie et … de la bonne nourriture ?
Bien sûr, l’empathie ne coûte rien à personne, un sourire, un regard amical, non plus. Quant à la nourriture, elle est la base de tout. Du plus jeune au plus grand âge, malade ou non. Et lorsqu’elle est bonne, faite avec amour et générosité, elle n’en est que plus « reboostante » ! Il y va du soutien au moral des malades parfois découragés et au bout de leurs forces. A chaque fois, je retrouve cette lumière reconnaissante qui brille dans leurs yeux. Ils sont en attente de notre venue avec ces plats préparés spécialement à leur attention et sont tellement heureux d’échanger avec nous, de nous voir leur accorder un peu de temps et d’attention. Et puis, outre notre renommée, je pense que c’est surtout notre engagement, notre disponibilité pour eux spécialement qui leur va droit au cœur. Et cela c’est la plus belle des récompenses que nous avons.
Des coéquipiers d’un jour mais à la participation au dîner du soir récurrente puisqu’ils sont à vos côtés chaque année pour l’événement. Comment procédez-vous pour les motiver, pour dispatcher leurs idées de plats et le travail de chacun ?
La motivation, ils l’ont tout seuls. Que ce soit Ghislaine Arabian qui vient spécialement de France et cette année, Xavier Mathieu ou Giovanni Bruno et Pascal Devalkeneer qui sont à Bruxelles. Pas besoin de moi pour leur rappeler de venir me prêter main forte. Ou pour avoir des idées de plats adaptés à un dîner d’exception. Ce sont des chefs empathiques qui, outre leur métier qui est un métier de partage, s’engagent et donnent aussi de leur temps et de leur personne pour les autres. Ce jour-là, le 10 octobre cette année, ils sont à mes côtés dès 8 h du matin. Spécialement pour rencontrer les malades qui en sont tellement enchantés. Ensemble nous allons porter les repas aux personnes hospitalisées dans leur chambre. Ce sont des rencontres émouvantes et généreuses en rapports humains, en écoute et en partage. Je pense que chacun des chefs participant à l’action est toujours ému mais tellement heureux d’avoir pu apporter un peu de bonheur en des moments si difficiles à vivre.
Pour le dîner du soir, nous nous organisons en complète collaboration. Je le coordonne en demandant à chacun ce qu’il souhaite imaginer, entre entrée, plat ou dessert. Puis je veille à ce qu’il n’y ait pas de doublon au menu dans les produits cuisinés. Pour la préparation pratique du menu, je m’appuie ensuite sur l’aide précieuse de l’équipe du traiteur « Chou de Bruxelles » coordonnée par l’un de mes anciens collaborateurs, Damien Audusseau.
Que pensez-vous de la médiatisation autour de votre personne en tant que « grand » chef et ici, en tant que coordinateur culinaire d’une telle action de solidarité ?
Pour ma part, comme pour mes collègues présents, la médiatisation ne nous est plus utile. Par contre, je suis très heureux que cette visibilité puisse être partagée pour une telle cause. Qu’elle permette de mettre un coup de projecteur sur le sujet toujours complexe aujourd’hui de la maladie, du cancer et des recherches qui sont faites. Il faut que tous, connus ou pas, on se mobilisent pour de telles causes. Celle-ci peut concerner chacun de nous ou l’un de nos proches, un jour ou l’autre. Nous pouvons tous y être confronté, c’est une réalité. Et je peux vous dire que dans ce cas, on est bien heureux de voir que de telles mobilisations existent. C’est déjà une très bonne raison de mettre sa notoriété, sa médiatisation et surtout son énergie au service de cette action mais aussi de cette journée qui, chaque année, est plus mémorable et émouvante que tout autre dans l’année.
Auteur-interview : Joëlle Rochette
Paris Match – 101 tables pour la vie – Édition du 10 au 16 octobre 2024