Partis briller sous d’autres cieux bruxellois, Alexandre Dionisio, en quittant son enseigne de la rue du Midi semblait avoir emporté armes et bagages, talent et passion, notoriété et créativité. Seulement voilà, ce déménagement s’est fait sans compter sur la pugnacité de son ex compagne Anca Petrescu laissée seule à la barre de leur restaurant initial.
En deux temps trois mouvements, celle-ci a plus que brillamment assuré la transition dans la continuité de l’enseigne dépourvue, du coup, et de son chef et de son astre céleste ! Quelle injustice mais aussi quelle erreur d’avoir gardé le même nom. Mais peu importe, ce qui compte désormais c’est la succession du piano du 164 rue du Midi !
Une succession s’étant effectuée haut la main en matière de talent, de passion et de créativité avec l’arrivée de l’étonnante, Isabelle Arpin que Anca Petrescu fit venir d’Ostende où elle officiait au piano du Restaurant « Auteuil » (côté 15/20 au GaultMillau) après avoir travaillé en France, son pays d’origine, dans plusieurs deux et trois étoilés. Voici donc cette enseigne initialement masculine aux mains d’un duo féminin on ne peut plus motivé et performant.
Ainsi aujourd’hui, Anca Petrescu continue à gérer la cave à vin avec une sélection de vins déclinés en quelques 200 références venues de l’Hexagone mais aussi du monde (Amérique du Sud, bassin méditerranéen, Australie).
Quant à Isabelle Arpin après une brève période de rodage, elle s’est vite fait connaître par les plus curieux en attisant, involontairement, un étonnant bouche à oreille faisant revenir ici tous les gourmets avides de nouveautés, de découvertes et de caractères passionnés et … passionnants !
Venons-en à l’excellent repas pris l’autre soir qui nous décoiffa les papilles et nous emmena dans de jolies sphères culinaires, voire déjà et presque, sous la voûte céleste. D’emblée, nous y avons largement apprécié l’esthétisme de préparations agencées avec subtilité, féminité, art et talent. La mise en bouche composée d’un tartare de bœuf Black Angus et œuf de caille s’avéra être aussi parfaite que le surprenant foie gras poêlé, huitre tiède, topinambour en crémeux servit avec un vin blanc belge (Müller Thurgau, Château Bon Baron 2013). Première révélation !
En entrée, la très originale poitrine de porc laquée, tartare de gambas et, notamment, gelée de soupe Tom KahKai se transforma en un feu d’artifice de saveurs voyageuses. Il en fut de même avec cette préparation très personnelle du pigeonneau rôti et accompagné de son singulier loempia farci de dattes, abricots, champignons, ras-el-hanout. On y reviendrait rien que pour lui !
En plat, un autre sans faute allait suivre avec un exquis bar aux chanterelles, coques, sauce cresson accompagné d’un subtil Chablis (Domaine Servin, Cuvée Les Pargues 2012).
Et enfin, en dessert, une magnifique crème d’agrumes, glace au gingembre nous aura tout autant convaincus qu’ici désormais une nouvelle future grande rayonne sur l’ex cuisine d’Alexandre.
Ne reste plus qu’à faire des économies pour y revenir car, en seul bémol, les tarifs sont très élevés alors que l’étoile n’est pas encore retrouvée. Ce qui, à notre avis, ne saurait tarder !
Rue du Midi, 164 – 1000Bruxelles – Tél.02/502 40 55 – www.restaurant-alexandre.be
Fermé samedi, dimanche et lundi – service voiturier
Article extrait du Magazine Gastromania n°63 – Disponible par abonnement sur www.gastromania.be