Quand on pense aux parcs d’attraction, en général, on pense systématiquement fastfood et « malbouffe ». Ce n’est pas faux mais ce n’est pas totalement vrai non plus; à tout le moins, en ce qui concerne notre parc d’attraction préféré en Europe, celui de Disneyland Paris. Nous allons donc vous le prouver, reportage à l’appui, car nous avons eu la chance de pouvoir tester quelques-uns des meilleurs restaurants de cet emblématique parc, bien plus riche en bonnes tables qu’il n’y paraît (reportage exclusif et complémentaire dans magazine Gatromania de septembre 2015). Ce fut également l’occasion pour nous de revisionner nos classiques Disney avec cette perspective très particulière qu’est l’art de la table.
Depuis l’âge tendre beaucoup d’entre nous ont été bercés par les grands contes classiques remaniés par Walt Disney. Férues de bonne cuisine nous avons bien entendu remarqué que dès les premiers films, la table avait une place importante pour ces studios américains.
Tantôt utilisés comme objets de contextualisation spacio-temporelle de l’histoire, tantôt comme argument éco-friendly, ces mets, mis en scène par les dessinateurs, nous aurons accompagné, même inconsciemment, tout au long de notre enfance.
Mais commencons par notre parcours initiatique au pays des contes de fées.
Disneyland Paris, visite guidée
Notre voyage commence sur la Main Street USA où seul le regard averti trouvera le « Walt’s – an American restaurant ». Véritable hommage à Walt Disney, le restaurant est fragmenté en 5 salles différentes illustrant chacune l’un des 5 mondes du parc Disneyland, le tout dans un style victorien très réaliste. C’est un véritable bond dans le temps que nous y effectuons. Représentant le passé de Walt Disney, tant en Amérique que lors de son passage en France, nous y retrouverons une carte franco-américaine avec, notamment, le burger Rossini. Un burger se situant à des années lumières du burger des fastfood : ça commence bien !
Deux pas plus loin, pour ceux qui ne souhaitent pas s’arrêter pour diner ou qui ont la bourse plus serrée, rendez-vous au « Casey’s Corner » pour un hot dog : dépaysement américain garanti ! Quitte à prendre un snack, celui-ci est et reste, depuis toujours, notre préféré !
Au bout de la Main Street USA, nous arrivons au centre de Fantasyland et nous y trouvons, tout autour du château, plus de friandises que nous ne pourrons jamais manger.
Cette abondance de sucreries nous donne presque l’impression de faire un saut dans la foire de Pinocchio où les enfants, trop gourmands, finissent transformés en ânes…
Lorsqu’on aperçoit les pommes d’amour c’est à Blanche Neige que nous pensons ; la pauvre princesse qui allait sombrer dans un « sommeil de mort » après avoir croqué une pomme tout aussi rouge … méfiance donc.
Le tout accompagné de sodas et granitas qui nous rappellent les « Herculades ». Vous savez, ces boissons qu’Hercule commercialisait lorsqu’il est passé de « zéro à héros » ?!
Fantasyland c’est également le QG des princesses et c’est en leur compagnie que vous pourrez dîner à « l’Auberge de Cendrillon », haut lieu de rencontre pour les petites princesses en herbe. A éviter sans doute (nous n’avons pas testé cette table), si c’est une véritable rencontre gastronomique entre vous et votre assiette que vous souhaitez vivre car ici tout se niche dans l’aménagement des lieux et le rêve qu’il apporte chez les plus jeunes (notez qu’il faut réserver si vous voulez vous assurer une place).
Ce restaurant, rempli de détails dans sa décoration (fresques murales, tapisseries, colonnes sculptées, etc.), retrace l’histoire de Cendrillon. Ainsi la première salle représente son passé de « souillon » alors que la dernière illustre son mariage et le luxe princier qui s’en suit. Au sujet de l’histoire, l’on se rappelera la manière qu’avait Cendrillon de préparer le petit déjeuner et le thé pour ses belle-mère et belles-sœurs et, bien entendu, de cette citrouille du potager transformée, le temps d’une soirée, en magnifique carrosse. Lequel carrosse agrémentant, en grandeur nature, l’entrée du restaurant, histoire de concrétiser davantage encore les rêves des plus jeunes.
Toujours à Fantasyland, l’ambiance de la « Pizzeria Bella Notte » nous rappelle étrangement ce petit restaurant italien, vous savez « Chez Toni », où la Belle et le Clochard mangeaient des spaghettis aux boulettes en 1955 ? Par contre, la carte, elle, se limite à la pizzeria fastfood.
Enfin, nous ne pourrions pas quitter Fantasyland sans passer par le labyrinthe d’Alice au Pays des Merveilles pour se faire photographier à la place du Chapelier Fou à sa table de tea party en vue de fêter un « joyeux non-anniversaire » à qui le voudra. Autant profiter de son absence d’ailleurs puisqu’il est « très grossier de s’installer lorsqu’on n’est pas invité », comme nous le rappelle le Lièvre de mars !
A ce stade, il ne manque plus que ce petit flacon magique qui fait rétrécir et a un goût de « tarte aux cerises, d’ananas, de pudding, de dinde aux marrons », ces champignons qui vous font grandir ou encore ces petits cookies aux couleurs pastels qui vous transforment de l’une ou l’autre façon, selon les humeurs.
Après Fantasyland, direction Adventureland, le pays des pirates. Si Peter Pan n’est pas très bavard sur le sujet, entre huile de foie de morue pour les enfants ou le vin de Monsieur Mouche, il faudra attendre le film Hook (et la nourriture « imaginaire ») ou le film des Pirates des Caraïbes (la nourriture que ne peut pas déguster le capitaine Barbossa représentée notamment par son obsession pour la pomme) pour en voir un peu plus sur la nourriture de ces univers.
Quoi qu’il en soit, à Disneyland Paris, cela n’a pas empêché les chefs du restaurant « Blue Lagoon » de créer une carte des îles qui, après dégustation de quelques exquises mises en bouche exotiques, nous a juste donné envie de … revenir ! Partie intégrante de l’attraction des Pirates des Caraïbes, et donc complétement dépaysant, ce restaurant est probablement la plus belle surprise culinaire de notre voyage. Une visite dans un environnement magique (restaurant de nuit au bord de l’eau) que nous nous empresserons de réitérer dés que l’occasion se présentera et que nous n’hésitons pas à recommander en priorité aux palais les plus curieux et les plus exigeants.
Toujours en suivant notre itinéraire vers Adventureland cette fois, vous passerez devant le coin Aladin. Il s’y trouve un restaurant, le « Agrabah Café » que nous n’avons pu tester cette fois-ci mais qui annonce une cuisine orientale sur le thème du célèbre voleur. Ne reste plus qu’à espérer que l’on puisse y retrouver tous ces beaux fruits que l’on a pu apercevoir dans le film; une petite pause vitaminée ne serait pas de refus.
Au fond d’Adventureland (direction opposée de la Maison Hantée), le paysage a été transformé en « marché d’Arendelle ». Inspiré des princesses les plus en vogue du moment, vous retrouverez une petite échoppe de gourmandises à leur effigies. De quoi vous faire patienter dans la file d’attente si vos rejetons vous imposent « la Fête givrée », spectacle chanté sur le thème de la Reine des neiges, qui fait fureur auprès des plus petits actuellement.
Ensuite c’est la direction de Disney Studio que nous prenons. Un petit pincement au cœur nous surprend en passant devant le Thunder Mesa Riverboat (en face de la Maison Hantée). En effet, ce grand bateau nous rappelle la Nouvelle Orléan et qui dit New Orleans dit Tiana qui, dans la Princesse et la Grenouille, rêvait d’ouvrir son propre restaurant pour y servir son traditionnel combo et ses délicieux beignets.
Malheureusement, nous ne trouverons pas de trace de Tiana et de son amour pour la cuisine. On se ressaisit en se rappelant les paroles du film « Une chose est sûre à propos de la bonne nourriture, elle rassemble à la même table des gens de tous les univers, elle réchauffe les cœurs et allume des milliers de petites étoiles dans leurs yeux », c’est tellement vrai.
Le cœur chaud, c’est donc vers la nouvelle et dernière attraction de Disney Studio, Ratatouille, que nous nous hâtons. Les étoiles plein les yeux, de loin déjà l’on reconnaît l’écriteau du Gusteau’s : nous sommes donc au bon endroit !
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’équipe de Disneyland Paris a, une fois encore, réalisé une petite merveille. La place, dédicassée au célèbre rat, est une parfaite reproduction du film, nous nous sentons complètement téléportées dans le film. Les détails sont splendides, tant la fontaine au centre de la place, que les ferforgés ou encore les bouches d’égout, tout est à l’effigie de la star. L’attraction en elle-même pousse le réalisme encore plus loin puisque le spectateur se métamorphose en rat et se ballade dans la cuisine du film. L’attraction est adaptée pour tous les âges.
La scène finale est d’ailleurs constituée en partie par le restaurant « Chez Rémi », du nom du petit rat pour ceux qui ne s’en souvienne pas. Avant d’y passer le seuil, rappelons-nous d’abord des préparations du film (SPOILER ALERT !). Lorsque le jeune Linguini se fait engager comme commis dans les cuisines du célèbre restaurant parisien Gusteau’s, on aperçoit des mets plutôt raffinés. Le restaurant, qui n’a plus ses « 5 étoiles », est connu pour servir une cuisine gastronomique sans originalité et en fin de souffle mais cela n’empêche pas à cette scène de nous ouvrir grand l’appétit. Par la suite, Rémi aidera Linguini en cuisinant pour lui, à rehausser le niveau du restaurant. Dés lors, le terrifiant critique gastronomique Anton Ego, viendra au restaurant mettre le chef au défi de lui faire « une belle idée neuve du jour bien fraîche et pas trop cuite » (accompagnée d’une bouteille de Cheval Blanc de 1947). C’est alors que Rémi lui servira sa célèbre ratatouille qui fera chaviré le cœur du critique. Cependant, le Gusteau’s, malgé son succès, devra fermer ses portes pour des raisons d’hygiènes … trop de rats selon le contrôleur ! Linguini ouvrira alors un restaurant de type brasserie, toujours à Paris, qui s’appelera « La Ratatouille ».
Connaissant l’histoire sur le bout des doigts, c’est donc avec curiosité que l’on attendait de voir le restaurant du parc. Quel parti a-t-il pris ? Le gastronomique du Gusteau’s ou la brasserie de La Ratatouille ? Et bien chez Rémi, c’est la brasserie que l’on retrouve avec la célèbre ratatouille très bien réalisée et réellement délicieuse.
En attendant la parution de l’article complet (Gastromania septembre 2015), nous vous laissons sur cette photo où film et réalité ne font plus qu’un, où Anton Ego est remplacé par notre chroniqueuse favorite, Joëlle Rochette qui, avec ses armes fort similaires, s’apprête à attaquer la célèbre ratatouille !
L’aspect culinaire du parc ne s’arrête pas ici. Nous n’avons pas encore abordé le restaurant le plus gastronomique, à savoir le « California Grill », au sein de l’Hôtel Disneyland. On y retrouve une cuisine plus raffinée aux accents californiens (détails du menu et de cette table suivront)
Cependant nous n’avons pu nous abstenir de faire le lien entre la présentation de l’un des mets avec les scènes de cuisine de la Petite Sirène, je vous laisse juger par vous même… malgré tout, cela n’a rien enlevé au goût qui était au rendez-vous.
En guise de conclusion
Notons en résumé que les films Disney, souvent critiqués pour être partie du système consumériste américain, ne nous poussent pas nécessairement à la « malbouffe ». En effet de nombreux films influencent notre esprit enfantin dans un sens inverse ou développent même une culture culinaire.
Ainsi Bambi est typiquement le genre de film se positionnant contre la chasse, ce qui pourrait nous donner envie de devenir végétarien. Il en est de même avec Pocahontas qui se nourrit de maïs et de poisson peché à la main et qui est également axé contre la chasse.
Pour la Petite Sirène, les scénaristes et dessinateurs vont encore plus loin, puisque là c’est même le poisson et les crustacés qui sont représentés comme des êtres vivants à protéger. Ici, on pense à cette scène avec Sébastien, l’ami crabe d’Ariel qui essaye de fuir à tout prix un cuistot fou.
Ou encore dans Alice au Pays des Merveilles avec « la malheureuse histoire des huîtres trop curieuses ».
D’autre films nous montrent l’importance de manger sain. Rappelons la scène de Pinocchio, où manger trop de friandises transforme les plus gourmands en âne. La scène où Blanche-Neige prépare une bonne soupe de légumes frais pour les sept nains.
Et enfin Aladin, qui se nourrit principalement de fruits et d’un peu de pain volé. Pain qu’il n’hésitera cependant pas à partager avec les plus démunis.
Un autre sujet également récurrent est l’alcool. Dans les films, seuls les « méchants » en consomment en temps normal, les « gentils » eux n’en consomment que pour faire la fête.
Dans Peter Pan par exemple, seul Monsieur Mouche en boit.
Dans le Bossu de Notre Dame, c’est le terrible Frollo qui en boit en tant normal. Autrement, nous verrons les gargouilles boire du champagne pour fêter leur réussite.
Enfin dans La Belle et la Bête, cette chanson « c’est la fête » qui porte bien son nom où Lumière met en action tant les plats que les boissons dont du champagne, puisqu’il s’agit bien d’un repas de fête. A contrario, au pub, les villageois et Gaston, eux, boivent naturellement de la bière ou du vin.
Pour terminer nous retiendrons des films et du parc, que certes ce n’est pas vraiment à Disneyland que nous pourrons manger sainement, d’ailleurs pour les végétariens c’est assez limité. Mais cela ne nous empêchera pas de se faire plaisir pour autant que l’on prévoit le budget et le temps. En effet, pour une visite d’une journée, il faudra bien s’organiser si l’on veut prendre le temps de s’attabler. Cela dit si l’on a bien appris une chose lors de ce reportage, c’est que la table à Disneyland Paris peut réellement en valoir la peine pour peu que l’on choisisse bien son restaurant. Ainsi, pour nous, et vous l’aurez compris, ce sera le Blue Lagoon sans hésitation pour son côté exotique et la qualité de ses mises en bouche. Egalement le Walt’s pour son atmosphère familiale américaine à l’ancienne très agréable; son authentique et généreux burger et sa localisation sur Main Street particulièrement bien placé. En astuce, nous vous conseillons les tables avec vue sur la rue puisque c’est ici que passe la fameuse parade du soir.
Côté film, nous voyons également que si Disney ne prône pas toujours l’alimentation saine (nous avons quand même récolté beaucoup de scènes de pâtisserie), il ne prône pas non plus le consumérisme à outrance. Ainsi, on voit des images qui nous rappellent étrangement des discours de pêche et d’agriculture durable.
En ce sens, nous avons découvert que Disneyland Paris avait commencé son potager, mais celui-ci n’est qu’en phase miniature, et nous pensons qu’il serait plus que grand temps pour Disney de se mettre à la page et de proposer ne fût-ce qu’une échoppe de nourriture tant goûteuse que saine et vitaminée, car non, l’un et l’autre ne sont pas inconciliables !
Je vous laisse sur ces aperçus en espérant vous avoir mis en appétit pour que vous puissiez désormais, à votre tour, partir à la découverte des bonnes tables du plus délicieux des pays imaginaires.
Morgane Ball
Copyrights :
– les images extraites de films sont de la pleine propriété de Walt Disney Studio
– les photos du parc sont de la pleine propriété de Morgane Ball et du site Joellerochette.com