Lors de notre dernière escapade à Marrakech, l’opportunité nous a été donnée de passer les portes d’une véritable institution marrakchi, désignée pour la troisième fois « Meilleur Hôtel au Monde 2021 » par Conde Nast Traveler : la Mamounia.
Cet établissement mythique a su profiter de la crise sanitaire pour faire peau neuve après de nombreux mois de travaux. Sous la houlette du cabinet d’architectes d’intérieur Jouin Manku (Patrick Jouin et Sanjit Manku), les lieux ont été repensés afin de satisfaire aux demandes d’un public particulièrement exigeant.
Ainsi, dans le prolongement de la galerie de l’hôtel, dans un patio paisible de type andalou, se trouve le Salon de Thé par Pierre Hermé où l’on pourra tantôt déjeuner sur le pouce tantôt s’y retrouver autour d’une tasse de thé et de petits gâteaux tous plus appétissants les uns que les autres. Une mention toute spéciale est donnée au Latte La Mamounia, à l’amlou (pâte à tartiner berbère généralement composée d’huile d’argan et d’amandes), ou encore à la Corne de Gazelle revisitée tout en légèreté et fraîcheur. On regrette toutefois de ne pas avoir cédé à la tentation de goûter l’un des nombreux macarons signatures proposés par le chef.
Nos pas nous conduisent alors à l’extérieur et plus précisément auprès du restaurant « L’Italien par Jean-Georges ». D’emblée, le lieu nous frappe par sa grandeur, sa luminosité et l’on ne peut ignorer cette magnifique cuisine ouverte de marbre blanc où sont préparés les classiques de la cuisine italienne réinventés par Jean-Georges Vongerichten, chef français triplement étoilé au célèbre guide rouge pour son restaurant éponyme situé à New-York. Si vous souhaitez plutôt une pizza ou une assiette d’antipasti, nessun problema, c’est tout à fait possible.
En face du restaurant italien, on change de continent et d’atmosphère pour trouver « L’Asiatique par Jean-Georges » où, les grands espaces blancs et la luminosité qui caractérisent « L’Italien » laissent à présent place à une ambiance plus tamisée, voire même, plus intime. Du curry aux sushis, la carte se présente véritablement comme une (re)découverte de ces saveurs du sud-est asiatique que l’on partage dans un parfait mélange de décorations asiatiquo-marocaines.
C’est d’ailleurs au Maroc que l’on reste car à présent nous nous retrouvons dans le jardin de l’hôtel où se situe « Le Marocain ». Contrairement à « L’Italien » et à « L’Asiatique », ici, aucuns travaux majeurs n’ont été faits, de sorte que le restaurant a conservé son atmosphère si représentative de l’hospitalité marocaine. C’est là qu’officie le Chef Rachid Agouray qui a, tout récemment, été décoré par l’Insigne d’Officier du mérite agricole français pour services rendus à l’agriculture notamment par le biais de la gastronomie. Au cours de cette cérémonie, il fut également nommé « Chef du Royaume du Maroc » par le prestigieux Club des Chefs des Chefs, l’organisation internationale culinaire de promotion des cuisines nationales et de représentation diplomatique des chefs en contact avec des chefs d’Etats et souverains parmi laquelle on retrouve, entre autres, Cristeta Comerford, cheffe de la Maison Blanche, Mark Flanagan, chef de la Reine d’Angleterre, Mukesh Kumar, chef du président indien, …
Confortablement installés sur d’épaisses banquettes de velours, ou dans le jardin, les convives dégustent, au son d’un trio de musiciens, les plats typiques qui font la fierté de la cuisine marocaine, dont pastillas, tajines et couscous sont autant d’invitations au partage. Le maître mot étant « convivialité ».
Au cours de notre balade dans ces 8 hectares de végétations que forment les jardins de La Mamounia, nous sommes tombés sur l’impressionnant potager de l’hôtel qui alimente ses bars et restaurants en aromates, fruits et légumes. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion de goûter deux cocktails exclusifs réalisés avec ces produits. Un régal !
Nous revenons sur nos pas et remontons le temps lorsque nous passons les portes du bar « Le Churchill », nommé en hommage à son illustre hôte qui aimait quitter la grisaille londonienne pour se retrouver à Marrakech et notamment à La Mamounia où il installait son chevalet et y peignait les toits de la Ville Ocre ou les cimes enneigées de l’Atlas au soleil couchant. Cet espace so british nous propose des alcools et des champagnes d’exception que l’on accompagne de poisson fumé ou de caviar maison, créé en partenariat avec la société Kaviari.
Enfin, nouveauté et non des moindres, une salle de cinéma d’une capacité de 21 personnes jouxte Le Churchill et nous permet d’y (re)voir les plus grands classiques ou les dernières nouveautés du 7ème Art, en savourant des popcorns et snacks signés Pierre Hermé dans une atmosphère chaleureuse et intimiste.
Au final, si au fil des décennies, La Mamounia a réussi à s’imposer comme une institution dans le paysage hôtelier et gastronomique marrakchi, ce n’est pas un hasard. C’est essentiellement dû d’une part à la qualité exceptionnel des services qui y sont prestés et produits qui y sont proposés et d’autre part à sa capacité à s’adapter à une société continuellement en mutation sans pour autant se perdre en chemin.
Texte : Yannick Vanderhoeven
Photos : Morgane Ball