Arrivé il y a quelques mois au Sablon bruxellois, sur la plus fameuse place du chocolat en Belgique, le chocolatier français, Patrick Roger va assurément et à nouveau faire parler de lui en publiant un très bel ouvrage aux Editions du Chêne.
Un ouvrage aux textes poétiques de Jean-Marc Dimanche et aux magnifiques photos signées par plusieurs photographes dont les principaux sont Michel Labelle et François Rouzioux. Pas de photos d’Anthony Florio que j’avais, en son temps, présenté à Patrick Roger et qui depuis a, lui aussi, réalisé de jolies illustrations du travail de l’artiste-chocolatier.
Effectivement autant chocolatier que sculpteur, artiste qu’artisan, voire paysan-chocolatier (comme dit dans le livre) l’homme n’a pas son pareil pour créer des œuvres en cacao gigantesques et totalement allumées ou décoiffantes, juste comme on les aime quand on n’a pas froid aux yeux.
Ainsi, le résultat de l’imagination débordante de Patrick est spectaculaire et l’on en prend plein la vue. Les papilles ne sont pas en reste car, chez Patrick Roger, le plumage vaut le ramage ! Ce n’est pas pour rien qu’il a été élu Meilleur Ouvrier de France ! Un petit passage par sa dernière boutique (Grand Sablon)vous en dira davantage – ainsi qu’à vos papilles – alors qu’il me faut préciser que sa boutique bruxelloise n’est encore rien à côté de son atelier parisien que j’avais eu la chance de visiter quelques mois avant l’ouverture du Sablon.
Et voici déjà en guise de en mise en appétit, de quoi vous faire voyager avec quelques extraits choisis de l’ouvrage « En quête de chocolat »
Extraits :
« Aujourd’hui, j’adore cette idée d’avoir un vrai potager en pleine ville et aussi des abeilles … Il y en a près d’un million entre les trois ruches du jardin et toutes celles qui sont sur le toit de l’atelier. Le jardin c’est la source du goût. J’ai toujours mangé Le Jardin. C’est là où ça se passe ! »
« Insolence. C’est le chaud … et le chaud ! La fusion de l’amande et du chocolat, rehaussée du moelleux de la châtaigne gourmande. Cette bouchée est une belle effrontée, ne pas y goûter serait pire que pécher !» (ndlr : bouchée = praline, ici, appelée Insolence)
« Aujourd’hui une tablette de plus de 7,80 m de long x 2,40 de large et qui devrait dépasser la tonne de chocolat. Mais pas n’importe quelle tablette ! Celle-ci ressemblera à une sorte d’étang composé de carrés géants, tous travaillés à la main pour leur donner en surface comme les remous de l’eau, un mouvement qui insuffle vie à toute cette matière. De cette profondeur du noir, de ce miroir agité et luisant, jaillira une armée d’hippopotames avec leurs gueules béantes, le front et les oreilles suintant de boue. »
« Des heures et des jours et des outils à se battre avec cette matière-là pour trouver le bon angle, le port de tête qui sonnera vrai, le mouvement, la vie en somme qui réveillera le chocolat, le révèlera, le sublimera … »
« Cet homme-là se bat et se combat avec toujours plus fort que lui. Cet homme-là construit et se construit. Il battit son œuvre en chocolat comme d’autres avant lui se sont confrontés à la terre ou au plâtre, au verre, au béton, au métal, à la résine … toutes matières à sculpter et à s’élever. Peu importe qu’il soit aujourd’hui chocolatier, il est avant tout artiste, sculpteur, être de talent et d’énergie à vouloir défier l’éternité. »