Acteur notoire du cinéma français, Pierre Richard est aussi un vigneron emblématique du Languedoc-Roussillon (Corbières). Rencontré chez Rob, le « market des gourmets », lors d’une interview exclusive, ce sympathique artiste nous a dévoilé cette face cachée de l’un des premiers acteurs vignerons qu’il a été en France, dès 1985.
Au jeu du « questions-réponses » l’homme s’est montré tout aussi loquasse que sur les planches ou encore qu’en séance de dédicaces de son Château Bel Evêque, vin désormais régulièrement primé et toujours à dénicher dans la fameuse cave de chez Rob.
Rencontre, pour la troisième séance (c’était en effet la troisième fois que je l’interviewais), d’un grand … épicurien à la chaussure … tiens, j’ai même oublié de regarder ! Mais, lisez plutôt et surtout, dégustez tout cela avec un joli ballon de l’excellente Cuvée Cardinal (ma préférée) !
Acteur notoire vous êtes devenu vigneron par passion ou par hasard ?
C’est davantage le hasard qui m’a amené vers cette propriété qu’un ami m’a fait découvrir au cours d’une balade dans le Languedoc. J’ai tout de suite eu un coup de foudre pour ce domaine à la présence de l’eau tout autour.
La propriété était à vendre et le régisseur-viticulteur que j’y ai rencontré et qui y travaillait depuis 40 ans m’en a parlé avec tant de passion que j’ai été séduit et ai très vite voulu l’acquérir. C’est ma sœur – qui gère mes affaires – qui en a été la plus surprise et qui m’a fait remarquer que .. je n’y connaissais rien !
Vous n’y connaissiez donc vraiment pas grand chose en vin ?
Au milieu des années 80, j’aimais le vin mais il a fallu à ces passionnés et passionnants gens du cru, me former. Je ne voulais pas me lancer dans une aventure que je ne maîtrisais pas. A l’époque j’étais l’un des premiers acteurs à me lancer dans la viticulture. Mais c’est très vite devenu un passion et d’autres dans mon domaine artistique, s’y sont aussi mis, comme vous le savez. Depuis, je trouve que les gens qui font du vin sont des gens passionnés, donc ce sont des gens passionnants !
Comment se sont passés vos débuts dans ce monde alors nouveau pour vous ?
En 1985, j’ai alors acheté ce vignoble de 300 hectares dans le haut des Corbières et il a fallu attendre 4 ans avant de pouvoir avoir du vin.
Le premier vin est arrivé sur le marché en 89 ; c’était une grande année et nous avons pu vendre 80.000 bouteilles.
Le vin c’était pour moi un challenge. De plus il fallait aider à faire remonter la réputation des vins de Corbière qui à l’époque n’était pas optimale. Il fallait montrer que l’on pouvait proposer un Corbière de qualité pour un très bon rapport qualité-prix. Et cela a été très vite une démarche passionnante.
Une passion, un emploi du temps au même titre que le théâtre, le cinéma ?
Non pas vraiment actuellement. Peut-être que les choses s’inverseront lorsque l’on ne voudra plus de moi sur scène ou au cinéma (le plus tard possible, j’espère !). Je prendrai alors ma pension, irai pêcher, ferai du bateau et du vin ; je profiterai de la région et deviendrai un vrai paysan-vigneron. Mais aujourd’hui, je consacre à peu près 70 % de mon temps à la scène et 30 au vin.
Quel estime portez-vous à la table ?
C’est en me mettant au régime, il y a quelques années que je me suis rendu compte de la valeur de la table. Je devais perdre du poids et ne pouvais donc plus rythmer mes journées avec des repas conviviaux. Celles-ci en perdaient leur intérêt car je n’avais plus de rendez-vous « à table ». J’ai ainsi constaté que la table était bien plus importante pour moi que ce que je pensais auparavant ; j’en tombais presque dans la dépression.
C’est à cette époque que, après avoir perdu 5-6 kg, je me suis promis de ne plus jamais me frotter à un régime …
En fait, je résiste à tout sauf à la tentation, surtout celle de la table et du bon vin. Et le bon vin, pour moi, fait partie de tout, de toute la vie.
Culture, art et gastronomie = lien étroit à vos sens ?
De grands chefs tels Michel Troisgros, Guy Savoie, Alain Ducasse sont, à mes yeux, des artistes au même titre qu’un peintre, qu’un chanteur, qu’un comédien. La cuisine fait appel à l’imagination, à la créativité. Et dès que l’on fait appel à la créativité, on est artiste. Un artiste est quelqu’un qui invente des mélanges, qui a testé les associations des choses, parfois peu associatives et c’est tout un art que possèdent ces copains que sont Savoie ou Troisgros.
Quels sont vos plats préférés ?
Ce que je préfère, c’est la cuisine paysanne et mon plat préféré est le cassoulet avec de bons haricots. J’adore aussi le foie gras ! Et encore : le bœuf en daube, les petits farcis, le confit de canard, le gigot d’agneau et par-dessus tout : la truffe !
Quel vin, de votre domaine, choisiriez vous pour accompagner un foie gras (vu l’approche des fêtes) ? Un cassoulet (vrai plat d’hiver), un rouget (votre poisson préféré) ou, justement des pâtes aux truffes ?
Le Château Bel Evêque blanc sera original mais aussi parfait avec un foie gras poêlé. Avec le cassoulet, je servirais la Cuvée Cardinal (100 % Syrah) ; avec le rouget un blanc ou un rosé et avec les pâtes aux truffes, pourquoi pas aussi un Château L’Evêque blanc.
Un mot de la fin ?
« Le vin, c’est partager des émotions. On se délecte collectivement, c’est ludique et fraternel. D’ailleurs le vin et le cinéma c’est la même chose et c’est pour cela que je suis un homme de cinéma et pas de télévision. Au cinéma, on se retrouve à plusieurs centaines dans une salle et on partage le rire. Le vin aussi, c’est un partage. Le plaisir d’être ensemble. La convivialité c’est la seule chose importante ».